Tuesday, August 17, 2010

Manque

A-portée-de-la-main et sous-la-main
[73] […] l’usage préoccupé […] rencontre aussi de l’étant qui fait défaut — qui non seulement n’est pas « maniable », mais encore n’est absolument pas « à main ». En tant que découverte d’un non-à-portée-de-la-main, un constat d’absence de cette sorte découvre du même coup l’à-portée-de-la-main dans un certain être-sans-plus-sous-la-main. Dans cette remarque de son non-à-portée-de-la-main, l’étant à-portée-de-la-main revêt le mode de l’insistance. Plus le besoin de ce qui fait défaut se fait sentir de façon pressante, plus proprement il est rencontré dans son ne-pas-être-à-portée-de-la-main, et d’autant plus insistant devient l’étant à-portée-de-la-main, au point même de sembler perdre le caractère de l’être-à-portée-de-la-main. Il se dévoile comme sans-plus-sous-la-main, dont il n’y a rien à faire sans ce qui manque. Le désarroi, en tant que mode déficient d’une préoccupation, découvre l’être-sans-plus-sous-la-main d’un étant à-portée-de-la-main.
[75] […] le manque d’un étant à-portée-de-la-main, dont la présence quotidienne était si « évidente» que nous n’en avions même pas fait la remarque, est une rupture des complexes de renvois découverts dans la circon-spection. La circon-spection se heurte au vide et voit maintenant seulement ce pour quoi et avec quoi ce qui manque était à-portée-de-la-main.


Etre-avec
[120] Même l’être-seul du Dasein est être-avec dans le monde. L’autre ne peut manquer que dans et pour un être-avec.
[121] Le manque, le « départ » sont des modes de l’être-Là-avec, ils ne sont possibles que parce que le Dasein comme être-avec laisse le Dasein d’autrui faire encontre en son monde.


Dasein
[243] […] le ne-pas-encore appartenant au Dasein ne demeure pas seulement inaccessible provisoirement et temporairement à l’expérience propre et étrangère [la lune] : il n’« est » absolument pas encore « effectif ».
[244] Le ne-pas-encore, ici [le fruit immature], est déjà impliqué dans son être propre, et cela non point en tant que détermination quelconque, mais en tant que constituant. De manière correspondante, le Dasein, aussi longtemps qu’il est, est lui aussi à chaque fois déjà son ne-pas-encore.
Ce qui constitue pour le Dasein sa « non-totalité », l’en-avant-de-soi constant, n’est ni l’excédent d’un ensemble sommatif, ni même un ne-pas-encore-être-devenu-accessible, mais un ne-pas-encore qu’un Dasein, en tant que l’étant qu’il est, a à chaque fois à être. Néanmoins la comparaison avec l’immaturité du fruit, en dépit d’une certaine convergence, manifeste des différences essentielles.
[283] manquer signifie ne-pas-être-sous-la-main. Le défaut comme ne-pas-être-sous-la-main d’une chose due est une détermination d’être du sous-la-main. En ce sens, rien ne peut manquer essentiellement à l’existence, non point parce qu’elle serait parfaite, mais parce que son caractère d’être demeure différent de tout sous-la-main.

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