Wednesday, June 30, 2010

Summary of page 263

• Le devancement se manifeste comme possibilité du pouvoir-être extrême le plus propre, i.e. comme possibilité d’une existence authentique.

• La mort est la possibilité la plus propre du Dasein.
• L’être pour celle-ci ouvre au Dasein son pouvoir-être le plus propre.
• Dans la possibilité insigne de lui-même, il demeure arraché au On. Il peut toujours, en devançant, s’y arracher.
• Le comprendre de ce « pouvoir » dévoile pour la première fois la perte factice dans la quotidienneté du On.

• La possibilité la plus propre est absolue (unbezügliche).
• Le Dasein a à assumer à partir de lui-même le pouvoir-être où il y va de son être le plus propre.
• La mort interpelle le Dasein en tant que singulier (einzelnes).
• L’absoluité de la mort isole le Dasein vers lui-même. Cet isolement est une guise de l’ouvrir du là pour l’existence.
• Tout être auprès de l’étant offert à la préoccupation et tout être-avec avec autrui cesse d’être pertinent à partir du moment où il y va du pouvoir-être le plus propre.
• Pourtant, la non-pertinence de la préoccupation et de la sollicitude ne signifie pas que celles-ci se trouvent détachées de l’être-soi-même authentique.
• En tant que structures essentielles de la constitution du Dasein, elles appartiennent à la condition de possibilité de l’existence.
• Le Dasein n’est authentiquement lui-même que pour autant qu’il se projette, en tant qu’ être préoccupé auprès... et en tant qu’être-avec, vers son pouvoir-être le plus propre.
• Le devancement dans la possibilité absolue force le Dasein à la possibilité d’assumer à partir de lui-même son être le plus propre.

Résumé p.263

.devancement : possibilité d’existence authentique.
.déterminer les caractères de l’ouvrir devançant qui doivent nécessairement appartenir à la structure concrète du devancement dans la mort.


Europa, Lars Von Trier


.le comprendre
≠ fixer du regard un sens
= se comprendre dans le pouvoir-être qui se dévoile dans le projet

Mort : pouvoir-être le plus propre
.dans la possibilité insigne de lui-même, le Dasein peut chaque fois s’arracher au On.
.le comprendre de ce « pouvoir » dévoile pour la première fois la perte factice dans la quotidienneté du On-même.

Mort : possibilité absolue
.la mort interpelle le Dasein en tant que singulier
.l’absoluité de la mort isole le Dasein vers lui-même


Epidemic, Lars Von Trier.




.isolement : guise de l’ouvrir du « là » pour l’existence


Europa, Lars Von Trier.



.tout être auprès de l’étant (préoccupation) et avec autrui (sollicitude) cesse d’être pertinent


Epidemic, Lars Von Trier.


le Dasein ne peut être authentiquement lui-même que s’il s’y dispose à partir de lui-même »
.la préoccupation et la sollicitude ne sont pas détachées de l’être-soi-même authentique. En tant que structures essentielles de la constitution du Dasein, elles appartiennent conjointement à la condition de possibilité de l’existence en général. C’est en tant que préoccupé et éclairé par la sollicitude que le Dasein se jette authentiquement vers son pouvoir-être le plus propre.

Tuesday, June 29, 2010

Résumé p.262

Attente
.le Dasein peut se rapporter à un possible en sa possibilité sur le mode de l’attente.
.même mode d’être que pour l’être-ouvert préoccupé à qqchose ?
.tout attendre : possible du point de vue de la question de savoir si, quand et comment il peut devenir sous-la-main ; attend la réalisation possible.
même dans l’attente, nous nous détachons du possible pour prendre pied dans cet effectif pour lequel l’attendu est attendu. C’est à partir de l’effectif et en direction de lui que le possible est entraîné par l’attente dans l’effectif »

.l’être pour la possibilité en tant qu’être pour la mort doit se rapporter à la mort de manière à ce qu’elle se dévoile comme possibilité.
.devancement dans la possibilité.
.cet approchement ne tend pas à rendre un effectif disponible à la préoccupation.
.la possibilité du possible devient plus grande. [??]
la proximité la plus proche de l’être pour la mort comme possibilité est aussi éloignée que possible d’un effectif »
possibilité de l’impossibilité de l’existence en général »
.la mort comme possibilité ne donne au Dasein rien à réaliser et rien qu’il pourrait être lui-même en tant qu’effectif.
.l’être pour la mort comme devancement dans la possibilité possibilise cette possibilité [Das Sein zum Tode als Vorlaufen in die Möglichkeit ermöglicht allererst diese Möglichkeit].
.devancement : se projeter vers son pouvoir-être le plus propre : pouvoir se comprendre soi-même dans l’être de l’étant ainsi dévoilé : exister.

Summary of page 262

• Avec l’analyse de l’attente, on rencontre le même mode d’être pour le possible que celui à propos de l’être préoccupé à quelque chose.
• Tout attendre comprend son possible du point de vue de la question de savoir comment il peut devenir sous-la-main, en se détournant ainsi du possible pour se tourner vers sa réalisation.
• C’est à partir de l’effectif (Wirklichen) et en direction de lui que le possible est entraîné par l’attente.

• L’être pour la possibilité en tant qu’être pour la mort doit se rapporter à elle de telle manière qu’elle se dévoile comme possibilité.
• Un tel être pour la possibilité, nous le saisissons en tant que devancement dans la possibilité (Vorlaufen in die Möglichkeit).
• Cet approchement du possible ne tend pas vers sa réalisation, mais, dans cette approche, la possibilité du possible devient plus grande.
La proximité la plus proche de l’être pour la mort comme possibilité est aussi éloignée que possible d’un effectif (einem Wirklichen).
• Une telle possibilité est la possibilité de l’impossibilité de l’existence en général.
• La mort comme possibilité ne donne au Dasein rien à « réaliser » (zu Verwirklichendes).
• Elle est la possibilité de l’impossibilité de tout exister (jedes Existierens).
• Dans le devancement dans cette possibilité, celle-ci devient toujours plus grande, c'est-à-dire qu'elle se dévoile comme une possibilité qui signifie la possibilité de l’impossibilité sans mesure de l’existence.
• Cette possibilité n’offre aucun point d’appui pour se figurer (sich auszumalen) l’effectif possible et oublier la possibilité.
• L’être pour la mort comme devancement dans la possibilité libère pour la première fois cette possibilité en tant que telle.

• L’être pour la mort est devancement dans un pouvoir-être de l’étant dont le mode d’être est le devancement même.
• Dans le dévoilement devançant de ce pouvoir-être, le Dasein s’ouvre à lui-même quant à sa possibilité extrême.
• Se projeter vers son pouvoir-être le plus propre veut dire : exister.

Monday, June 28, 2010

Résumé p.261

.être pour la mort = être pour une possibilité insigne du Dasein = être pour un possible.

.être ouvert à un possible sous la forme d’une préoccupation pour sa réalisation. Tendance à anéantir la possibilité du possible [Möglichkeit des Möglichen] en le rendant disponible.

.comment l’être-ouvert se rapporte au possible?
.pas dans une considération thématico-théorique du possible comme possible.
.de manière telle que la possibilité s’écarte circon-spectivement du possible pour se tourner vers le possible-pour-quoi [es umsichtig von dem Möglichen wegsieht auf das Wofür-möglich].

.être pour la mort ≠ être ouvert préoccupé à la réalisation de ce possible.
..la mort n’est pas un à-portée-de-la-main ou un sous-la-main possible mais une possibilité d’être du Dasein.
..la préoccupation pour la réalisation du possible qu’est la mort devrait signifier une provocation du décès. Oterait le sol nécessaire à un être existant pour la mort.

.être-pour-la-mort
≠ réalisation
≠ séjourner auprès de la fin en sa possibilité (= pensée, rumination de la mort). Affaiblit la mort par une volonté calculatrice de disposer d’elle (médite la possibilité, le moment et la manière dont elle pourrait se réaliser).
.pour la mort, la possibilité doit être comprise, configurée, soutenue sans aucune atténuation en tant que possibilité.

Summary of page 261

• L’être pour la mort est un être pour une possibilité insigne du Dasein.
• Être pour une possibilité peut signifier : être préoccupé pour sa réalisation.
• Cet être préoccupé a la tendance à anéantir la possibilité du possible en le rendant disponible.
• La réalisation préoccupée d’un outil sous-la-main est toujours relative, car le réalisé, en restant caractérisé par un pour... (Um-zu), a le caractère d’être de la tournure (Bewandtnis).
• L’être préoccupé se rapporte au possible, non pas dans une considération théorique du possible comme possible, mais de manière telle qu’elle s’écarte circonspectivement (umsichtig) du possible pour se tourner vers (wegsieht) le possible-pour-quoi.

• L’être pour la mort ne saurait avoir le caractère de l’être préoccupé à sa réalisation, car la mort n’est pas un à-portée-de-la-main ou un sous-la-main possible.
• En plus, la préoccupation pour la réalisation de ce possible signifierait une provocation du décès.

• La « pensée de la mort » médite le moment et la manière dont elle pourrait bien se réaliser.
• Cette rumination de la mort affaiblit la mort par une volonté calculatrice de disposer d’elle : la mort doit manifester aussi peu que possible de sa possibilité.
• Dans l’être pour la mort, au contraire, la possibilité doit être comprise sans aucune atténuation en tant que possibilité.

• Le Dasein peut également se rapporter à un possible sur le mode de l’attente (Erwarten).

Friday, June 25, 2010

Lacan, La peur, L'angoisse

« Une chose est certaine, c’est la différence radicale entre les deux sentiments, le sentiment de peur et le sentiment d’angoisse, lequel apparait lorsque l’enfant [le petit Hans] se sent tout d’un coup lui-même comme quelque chose qui peut être mis complètement hors jeu. […] le sol se dérobe sous ses pieds. L’enfant conçoit alors qu’il ne peut plus remplir d’aucune façon sa fonction, n’être plus rien […]. L’angoisse […] est quelque chose qui est sans objet. […] La peur concerne toujours quelque chose d’articulable, de nommable, de réel […]. »
Lacan, La relation d’objet, Séminaire IV. Seuil. pp. 244-5.



Comparer avec Sein und Zeit § 30, 39, 40 ; en particulier, §40, pp.185-8:

« le devant-quoi de la peur est à chaque fois un étant intramondain, faisant approche vers la proximité à partir d’une contrée déterminée, importun, mais pouvant aussi bien rester éloigné. Or dans l’échéance, le Dasein se détourne de lui-même. Le devant-quoi de ce recul doit en général avoir le caractère de la menace, et pourtant, c’est un étant de même mode d’être que l’étant même qui recule, c’est le Dasein lui-même. Le devant-quoi de ce recul ne peut donc pas être saisi comme du « redoutable », puisque le redoutable ne fait jamais encontre que comme étant intramondain. La menace qui peut seule être « redoutable » et qui est découverte dans la peur provient toujours de l’étant intramondain. Par suite, le détournement propre à l’échéance n’est pas non plus une fuite qui se fonderait sur la peur devant un étant intramondain. Un tel caractère dérivé de fuite revient si peu à ce détournement que tout au contraire il se tourne vers l’étant intramondain en tant qu’il s’identifie à lui. Le détournement de l’échéance se fonde bien plutôt dans l’angoisse, qui à son tour rend tout d’abord possible la peur.
Pour comprendre cette idée de la fuite échéante du Dasein devant lui-même, il faut se rappeler l’être-au-monde comme constitution fondamentale de cet étant. Le devant-quoi de l’angoisse est l’être-au-monde comme tel. Comment ce devant quoi l’angoisse s’angoisse se distingue-t-il de ce devant quoi la peur prend peur ? Réponse : le devant-quoi de l’angoisse n’est pas un étant intramondain. Dès lors, ce n’est plus de celui-ci qu’il peut retourner. La menace n’a pas le caractère d’une importunité déterminée qui frapperait l’étant, menace du point de vue déterminé d’un pouvoir-être factice particulier. Le devant-quoi de l’angoisse est complètement indéterminé. Non seulement cette indéterminité laisse factuellement indécis quel étant intramondain menace, mais elle signifie qu’en général ce n’est pas l’étant intramondain qui est « pertinent ». Rien de ce qui est à-portée-de-la-main et sous-la-main à l’intérieur du monde ne fonctionne comme ce devant-quoi l’angoisse s’angoisse. La totalité de tournure de l’à-portée-de-la-main et du sous-la-main découverte de manière intramondaine est comme telle absolument sans importance. Elle s’effondre. [...] Le s’angoisser ouvre originairement et directement le monde comme monde. [...] L’angoisse ôte ainsi au Dasein la possibilité de se comprendre de manière échéante à partir du « monde » et de l’être-explicité public. [...] l’angoisse ouvre le Dasein comme être-possible, plus précisément comme ce qu’il ne peut être qu’à partir de lui-même, seul, dans l’isolement. »

Summary of page 260

• L’être pour la mort authentique signifie une possibilité existentielle du Dasein.
• Ce pouvoir-être ontique doit être ontologiquement possible.

§ 53. Projet existential d’un être authentique pour la mort.

• Facticement, le Dasein se tient de prime abord et le plus souvent dans un être pour la mort inauthentique.

• Le Dasein est constitué par l’ouverture, i.e. par un comprendre affecté.
• Un être pour la mort authentique ne peut pas reculer (ausweichen) devant la possibilité la plus propre, absolue, ni la recouvrir (verdecken) dans cette fuite, ni la réinterpréter (umdeuten) dans le sens de la compréhensivité du On.

Summary of page 259

• La mort est, en tant que fin du Dasein, dans l’être de cet étant pour sa fin.

• Que même le Dasein quotidien soit pour sa fin montre que cette fin n’est pas quelque chose où le Dasein arriverait lors de son décès.
• Dans le Dasein l’extrême ne-pas-encore est toujours déjà engagé.
• L’inférence qui conclurait de son ne-pas-encore à sa non-totalité est illégitime.
• Le phénomène du ne-pas-encore pensé à partir du en-avant-de-soi n’est pas une instance contre un être-tout possible.
• Le souci doit être pensé en connexion avec la mort comme possibilité extrême.

• L’être pour la mort se fonde dans le souci.
• En tant qu’être-au-monde jeté, le Dasein est toujours remis à sa mort.
• Étant pour sa mort, il meurt facticement et constamment aussi longtemps qu’il n’est pas venu à son décès.
• Le Dasein s’est toujours déjà, en son être pour la mort, décidé de telle ou telle manière.
• Le recul quotidien devant elle est un être inauthentique pour la mort.
• L’inauthenticité a une possible authenticité à son fondement.
• Parce que le Dasein existe, il se détermine à chaque fois à partir d’une possibilité qu’il est.

Chaque fois unique, la fin du monde

« Avoir un ami : le regarder, le suivre des yeux, l’admirer dans l’amitié, c’est savoir de façon un peu plus intense, et d’avance meurtrie, toujours insistante, inoubliable de plus en plus, que l’un des deux fatalement verra mourir l’autre. L’un de nous – se dit chacun - l’un de nous deux, il y aura ce jour, se verra ne plus voir l’autre et le portera en lui un temps encore, suivant des yeux sans voir, le monde suspendu à quelque larme unique, chaque fois unique, à travers laquelle tout désormais, le monde même, viendra, et il y aura ce jour, se refléter en tremblant, réfléchir la disparition même : le monde, le monde entier, le monde même car la mort ne nous prive pas seulement de quelque vie dans le monde ou d’un moment de nous, mais chaque fois, sans limite, de quelqu’un par qui le monde, et d’abord notre monde, se sera ouvert de façon tout ensemble finie et infinie, mortellement infinie, et c’est ce que porte encore le témoignage trouble et transparent de ladite larme, celle petite, mais infiniment, que le deuil des amis traverse et endure avant même la mort, et singulièrement, toujours irremplaçable. […] Ce qui prend fin, […] ce n’est pas seulement ceci ou cela, que nous aurions partagé à un moment ou à un autre, ici ou là, c’est le monde même, une certaine origine du monde, la sienne sans doute mais celle aussi du monde dans lequel j’ai vécu, nous avions vécu une histoire unique, de toute façon irremplaçable et qui aura eu tel ou tel sens pour l’un ou l’autre d’entre nous, même si ce ne put être le même, ni le même que pour lui ; c’est un monde qui est pour nous le monde, le seul monde, et qui sombre dans un gouffre dont aucune mémoire – même si nous gardons la mémoire, et nous garderons la mémoire – ne pourra le sauver. »

Jacques Derrida

Existentiel/Existential ??

« Le projet d’une possibilité existentiale d’un pouvoir-être existentiel aussi problématique... » (p.260). Le pouvoir-être (inauthentique et/ou authentique) est donc existentiel ? N’est-il pas existentiel et donc existential ? Si « la détermination conceptuelle existentiale s’accompagne d’une absence d’obligation existentielle » (p.248), n’est-il pourtant pas le cas qu’un mode d’être existentiel s’accompagne d’une obligation existentiale ? Ou bien ?

Résumé p.260

§53 Projet existential d’un être authentique pour la mort


.facticement, le dasein se tient de prime abord et le plus souvent dans un être pour la mort inauthentique [Faktisch hält sich das Dasein zunächst und zumeist in einem uneigentlichen Sein zum Tode].

.le projet d’une possibilité existentiale d’un pouvoir-être authentique pour la mort, alors même qu’existentiellement le Dasein ne se rapporte jamais authentiquement à sa fin, ou qu’elle demeure retirée aux autres, doit pouvoir se baser sur la caractérisation du concept existential de la mort (indications positives) et de l’être pour la mort inauthentique (indications prohibitives).

.le Dasein est constitué par l’ouverture, c’est-à-dire par un comprendre affecté [Das Dasein wird konstituiert durch die Erschlossenheit, das ist durch ein befindliches Verstehen].
.un être pour la mort authentique est non-fuyant et non-recouvrant : ne peut pas reculer devant la possibilité la plus propre, absolue, ni la recouvrir dans cette fuite, ni la réinterpréter dans le sens de la compréhensivité du On.

Requiem

« J’ai des morts, et je n’ai pas voulu les retenir,
et je fus étonné de les voir si tranquilles,
si vite chez eux dans l’être-mort, si légitimes,
si différents de ce que l’on croit.
… »






« Notre effroi quand tu mourus, ou cette interruption que fut
pour nous ta mort vigoureuse, non, ce n’est rien de tout cela :
cela, c’est notre affaire ; y mettre ordre sera
la même tâche que nous accomplissons avec tout.
Mais que toi-même, tu aies été saisie d’effroi, que maintenant
encore, tu connaisses la peur, là où la peur n’a plus cours
;
… »







« Alors un hasard t’emporta, ton ultime hasard,
t'arrachant au point extrême de ton avancée pour te ramener
vers un monde où les sèves
veulent.
Il ne t’emporta pas toute entière ; il n’arracha d’abord qu’une parcelle,
mais quand autour de celle-ci, jour après jour,
la réalité s’accrut, au point de la rendre pesante,
alors tu eus besoin d’être là toute entière : et tu partis alors,
te soustrayant à la
Loi, fragment par fragment,
péniblement : parce que tu avais besoin de toi-même. Alors
tu te défis, bêchant la terre de ton cœur
pour reprendre à sa chaude nuit les semences encore vertes
d’où aurait dû germer ta mort : la tienne,
ta mort à toi, pour la vie de nulle autre.
Et tu les as mangées, les graines de ta mort,
»


Rainer Maria Rilke. Requiem. Pour une amie (1908).
Illustration: Alexandre Hollan.

Thursday, June 24, 2010

Summary of page 258

• Cet « autrement » se voile aux yeux de la quotidienneté.
• Avec la supériorité apparemment sans angoisse vis-à-vis de la mort, la quotidienneté concède une certitude « plus haute » que la certitude empirique.
• La quotidienneté échéante du Dasein connaît la certitude de la mort et esquive néanmoins l’être-certain.
• Cette esquive atteste que la mort doit être conçue comme la possibilité la plus propre, absolue, indépassable, certaine.

• On dit : la mort vient certainement, mais pas encore. Avec ce « mais », le On dénie à la mort la certitude.
• La quotidienneté se presse vers la préoccupation et se détourne de la pensée oisive de la mort, laquelle est renvoyée à un jour à venir.
• Le On recouvre ainsi cette spécificité de la certitude de la mort : être possible à tout instant.
• Avec la certitude de la mort se concilie l’indétermination de son quand.
• La préoccupation quotidienne se détermine l’indéterminité de la mort de telle manière qu’elle interpose devant elle les possibilités contrôlables du quotidien.

• Le caractère de possibilité le plus propre de la mort est qu’elle est certaine et en même temps indéterminée, c’est-à-dire possible à tout instant.

La mort comme fin du Dasein est la possibilité la plus propre, absolue, certaine et comme telle indéterminée, indépassable du Dasein.

The Epidemic Element of European Crime

Osborne’s method : la compréhension du cœur des ténèbres ne pourrait pas se faire au moyen d’un désengagement objectivant et d’une distanciation brechtienne critico-juridique (« les nazis sont des monstres inhumains »), mais plutôt au moyen d’une identification hypnotiquement conduite par la voix narcotique de l'archi-Führer (i.e. du Führer du Führer).

Résumé p.259

.délimitation de la structure existentiale de l’être pour la fin au service de l’élaboration d’un mode d’être du Dasein total.

.fin ≠ arrivée finale lors du décès ; le Dasein quotidien est à chaque fois déjà pour sa fin, se confronte avec sa mort.

.être pour sa mort
= extrême ne-pas-encore
≠excédent
≠non-totalité

.être-en-avant-de-soi rend possible être pour la fin
.le problème de l’être-tout possible du Dasein est légitime si le souci est pensé en connexion avec la mort comme possibilité extrême de cet étant.

.l’être pour la mort se fonde dans le souci
.en tant qu’être-au-monde jeté, le Dasein est à chaque fois déjà remis à sa mort
.étant pour sa mort, il meurt facticement et même constamment aussi longtemps qu’il n’est pas venu à son décès : il s’est déjà décidé de telle ou telle manière
.le recul quotidien échéant devant la mort est un être inauthentique pour la mort
.l’inauthenticité a une possible authenticité à son fondement
.parce que le Dasein existe, il se détermine à partir d’une possibilité qu’il est et comprend
.le Dasein peut-il comprendre authentiquement sa mort ?

.l’être pour la mort authentique signifie une possibilité existentielle du Dasein.
.quelles sont les conditions existentiales de cette possibilité ?

Wednesday, June 23, 2010

Résumé p.258 Concept ontologico-existential plein de la mort

.la quotidienneté échéante du Dasein connaît la certitude [empirique] de la mort et esquive néanmoins l'être-certain [apodictique], esquive qui voile aux yeux de la quotidienneté la certitude [apodictique] de la mort comme être-pour-la-fin, mais en même temps atteste phénoménalement [autrement] de cette possibilité la plus propre, absolue, indépassable.
(cf. message précédent)

.« provisoirement pas encore » : dénie à la mort la certitude ; auto-explicitation du On par laquelle il se renvoie lui-même à ce qui se prime abord demeure encore accessible à la préoccupation du Dasein ; pensée oisive de la mort.
.le On recouvre cette spécificité de la certitude de la mort : être possible à tout instant.
.certitude de la mort conciliable avec l’indétermination de son quand.
.recouvrement de cette indéterminité de la mort par les urgences et les possibilités contrôlables du quotidien le plus proche.
.ce recouvrement de l’indéterminité de la mort frappe la certitude, voile le caractère de possibilité le plus propre de la mort : être certaine et en même temps indéterminée c’est-à-dire possible à tout instant.

Concept ontologico-existential plein de la mort :
La mort comme fin du Dasein est la possibilité la plus propre, absolue, certaine et comme telle indéterminée, indépassable du Dasein. La mort est, en tant que fin du Dasein, dans l’être de cet étant pour sa fin.

Tuesday, June 22, 2010

Summary of page 257

• La certitude qui appartient à un tel recouvrir de l’être pour la mort est un tenir-pour-vrai inadéquat.
• La certitude inadéquate tient ce dont elle est certaine dans l’être-recouvert.
• L’on comprend ainsi la mort comme un événement survenant dans le monde ambiant.

• En disant que la mort est certaine, le On transplante dans le Dasein l’apparence qu’il serait lui-même certain de sa mort.
• Le On ne voit pas que, pour pouvoir être certain de la mort, il faut que le Dasein soit certain de son pouvoir-être le plus propre et absolu.
• L’on expérimente chaque jour le mourir d’autrui : la mort est un fait d’expérience (Erfahrungstatsache).

• Selon la façon « critique » de penser la certitude de la mort, celle-ci est pour tout homme au plus haut degré vraisemblable, mais pourtant pas inconditionnellement certaine.
• Il n’est permis d’attribuer à la mort qu’une certitude empirique, en restant ainsi en deçà de la certitude apodictique.

• Dans cette détermination « critique » de la certitude de la mort se manifeste la méconnaissance (caractéristique de la quotidienneté) de l’être pour la mort.
• Tant qu’il demeure dans la certitude empirique, le Dasein est incapable de devenir certain de la mort.
• Esquivant sa mort, même l’être quotidien pour la fin est autrement certain de la mort que lui-même, dans une considération théorique, ne voudrait le croire.

Autrement certain ou comment l'esquive esquisse?? (p.257-8)

...je ne comprends pas cet "autre certitude".... help?!
si elle n'est ni empirique, ni une considération purement théorique, est-elle un savoir ("on sait la mort certaine"), une connaissance ("...connait la certitude de la mort"), une certitude "plus haute", concédée par la quotidienneté qui y est pourtant aveugle ("cet autrement se voile le plus souvent aux yeux de la quotidienneté")??
Peut-on dire:
La quotidienneté échéante du Dasein connaît la certitude [empirique] de la mort et esquive néanmoins l'être-certain [apodictique], esquive qui voile aux yeux de la quotidienneté la certitude [apodictique] de la mort comme être-pour-la-fin, mais en même temps atteste phénoménalement [autrement] de cette possibilité la plus propre, absolue, indépassable.
qu'est-ce qu'être "autrement certain"? = comment l'esquive atteste?
« On, ne « parle » apparemment que de cette certitude « empirique » de la mort, il ne s’en tient pourtant pas, au fond, exclusivement et primairement aux cas de mort survenants. Esquivant sa mort, même l’être quotidien pour la fin est pourtant autrement certain de la mort que lui-même, dans une considération purement théorique, ne voudrait le croire [certitude autre vs. croyance théorique?]. Cet « autrement » se voile le plus souvent aux yeux de la quotidienneté, qui n’ose pas s’y rendre translucide [les yeux de la quotidienneté sont aveugles à cette certitude autre?]. Avec son affection quotidienne plus haut caractérisée, à savoir la supériorité « anxieusement » préoccupée, apparemment sans angoisse vis-à-vis du « fait » certain de la mort [certitude empirique?], la quotidienneté concède [bien qu'elle y soit aveugle?] une certitude « plus haute » que la certitude seulement empirique. On sait [d'un savoir qui ne soit pas consideration purement théorique?] la mort certaine, et pourtant l’on n’est pas proprement certain d’elle [d'une certitude apodictique?]. La quotidienneté échéante du Dasein connaît [idem]la certitude de la mort et esquive néanmoins l’être-certain. Mais cette esquive atteste phénoménalement par ce devant quoi elle recule que la mort doit être conçue comme la possibilité la plus propre, absolue, indépassable, certaine. »

Résumé p.257

.la certitude de la mort est un tenir-pour-vrai inadéquat ≠ incertitude, doute.
.certitude inadéquate : tient ce dont elle est certaine dans l’être recouvert.
.la certitude relative à la mort comme évènement survenant dans le mode ambiant n’atteint pas l’être pour la fin.
.on dit que la mort est certaine > on transplante dans le Dasein l’apparence qu’il serait lui-même certain de sa mort.

.la mort est un indéniable fait d’expérience ; les cas de mort peuvent être pour le Dasein une occasion factice de se rendre attentif à la mort: certitude empirique vs. inconditionnelle, apodictique (connaissance théorique). Ne décide en rien sur la certitude de la mort ; incapacité à devenir certain de la mort considérée en son mode d’être.
.détermination « critique » de la certitude de la mort > méconnaissance – caractéristique de la quotidienneté – du mode d’être du Dasein.

Monday, June 21, 2010

Résumé p.256

.le recul recouvrant devant la mort est incapable d’être authentiquement certain de la mort.

.être-certain d’un étant : le tenir pour vrai en tant qu’il est vrai.
.vérité : être-découvert de l’étant.
.tout être-découvert se fonde ontologiquement dans la vérité la plus originaire, l’ouverture du Dasein.
.le Dasein en tant qu’étant ouvert-ouvrant et découvrant est « dans la vérité ».
.la certitude se fonde dans la vérité.

.vérité :
..signification originaire : être-ouvrant comme comportement du Dasein.
..signification dérivée : être-découvert de l’étant.

.certitude :
..signification originaire : être-certain comme mode d’être du Dasein.
..signification dérivée : étant dont le Dasein peut être certain.

.conviction : mode de la certitude.
.le Dasein se laisse déterminer par le témoignage de la chose découverte (vraie). Tenir-pour-vrai, se-tenir-dans-la-vérité est suffisant s’il se fonde dans l’étant découvert lui-même et s’est rendu transparent à lui-même quant à son adéquation à lui.
.≠ avis, intervention arbitraire.

.la prétention de vérité (à laquelle appartient le tenir-pour-vrai) reçoit sa légitimité du mode d’être de l’étant à ouvrir et de l’orientation de l’ouvrir.

.tendance factice au recouvrement de la possibilité la plus propre, absolue et indépassable.
.confirme que le Dasein, en tant que factice, est dans la « non-vérité ».

Summary of page 256

• Être-certain d’un étant veut dire le tenir pour vrai.
• La vérité signifie l’être-découvert (Entdecktheit) de l’étant.
• Tout être-découvert se fonde dans la vérité la plus originaire, l’ouverture (Erschlossenheit) du Dasein.
• Le Dasein, en tant qu’étant découvrant, est dans la vérité.
• La certitude se fonde dans la vérité.
• Les termes « certitude » et « vérité » ont une double signification :
.Originairement, ils désignent des modes d’être du Dasein (être-certain et être-ouvrant respectivement).
.Suivant les significations dérivées, ils signifient l’être-certain et l’être-découvert de l’étant en question.

• Un mode de la certitude est la conviction (Überzeugung).
• En celle-ci, le Dasein se laisse déterminer par le témoignage de la chose découverte elle-même.
• Le tenir-pour-vrai (Für-wahr-halten) est suffisant s’il se fonde dans l’étant découvert, et, s’il s’est rendu transparent quant à son adéquation à lui.
• Une telle suffisance fait défaut au simple avis (Ansicht) sur un étant.

• La prétention de vérité reçoit sa légitimité du mode d’être de l’étant à ouvrir et de l’orientation de l’ouvrir.
• Suivant la diversité de l’étant et conformément à la tendance de l’ouvrir, la modalité de la vérité se modifie.
• L’être-certain vis-à-vis de la mort représente une certitude insigne du Dasein.

• Le plus souvent, le Dasein quotidien recouvre la possibilité de la mort.
• Le Dasein, en tant que factice, est dans la non-vérité (Unwahrheit).

Saturday, June 19, 2010

Summary of page 255

• L’être échéant pour la mort est une esquive (Ausweichen) devant elle.

§ 52. L’être quotidien pour la fin et le concept existential plein de la mort.

• L’être pour la mort a été déterminé comme l’être pour le pouvoir-être le plus propre, absolu (unbezüglichen) et indépassable.
• L’être pour cette possibilité se transporte devant la pure impossibilité de l’existence.
• Conformément à la tendance échéante à la quotidienneté, l’être pour la mort est une esquive recouvrante devant elle.

• Selon le bavardage (Gerede) du On, on finit par mourir un jour.
• Même si la quotidienneté concède ainsi une certitude de la mort, ce « ne-pas-douter que l’on meure» n’abrite pas l’être-certain de la mort en tant que possibilité insigne du Dasein.
• La quotidienneté en reste à cette concession de la certitude de la mort afin de s’alléger l’être-jeté dans la mort.

Résumé p.255

.consigne : tenter, grâce à une interprétation plus pénétrante de l’être échéant pour la mort, d’assurer le concept existential plein de l’être pour la fin.
.à partir de la manifestation phénoménale satisfaisante du devant-quoi de la fuite, il doit être possible de projeter phénoménologiquement la manière dont le Dasein esquivant la mort comprend lui-même sa mort.

§52 L’être quotidien pour la fin et le concept existential plein de la mort.
.possibilité de la mort : pure et simple impossibilité de l’existence.
.conquérir le concept existential plein de la mort grâce à une interprétation plus complète de l’être quotidien pour la fin.

.concession équivoque de la certitude de la mort « un jour », affaiblissement, recouvrement du mourir, allègement de l’être-jeté dans la mort.

Thursday, June 17, 2010

Summary of page 254

• En même temps qu’il procure ce rassurement propre à repousser le Dasein loin de sa mort, le On régule la manière dont on doit se comporter par rapport à la mort.
• La pensée de la mort vaut comme un manque d’assurance du Dasein, une fuite du monde.
• Le On interdit au courage de l’angoisse de la mort de se faire jour.
• L’être-explicité du On a déjà décidé de l’affection vis-à-vis de la mort.
• Le On inverse l’angoisse de la mort, dans laquelle le Dasein est transporté devant lui-même en tant que remis à la possibilité indépassable, en une peur d’un événement qui arrive.
• L’angoisse passera pour une faiblesse qu’un Dasein sûr de lui-même ne saurait connaître.
• Ce qui sied, c’est le calme indifférent face au fait que l’on meurt.
• Une telle indifférence aliène le Dasein de son pouvoir-être le plus propre.

• La tentation, le rassurement et l’aliénation caractérisent le mode d’être de l’échéance.
• L’être quotidien pour la mort, en tant qu’échéant, est une fuite devant elle.
• Le Dasein s’occulte le fait qu’il meure toujours en transformant la mort en « cas » survenant chez les autres.
• Le On même est déterminé comme être pour la mort.
• Pour le Dasein, il y va, même dans la quotidienneté médiocre, de ce pouvoir-être le plus propre, absolu et indépassable, serait-ce même selon le mode de la préoccupation pour une indifférence à l’égard de la possibilité extrême de son existence.

Summary of page 253

• Des inconnus « meurent » chaque jour.
• « La mort » fait encontre comme un événement bien connu, survenant à l’intérieur du monde.
• Le On s’en est toujours déjà assuré d’une interprétation : on finit par mourir un jour, mais on demeure pour le moment hors d’atteinte.

• La mort est comprise comme quelque chose d’indéterminé qui n’est pas encore sous-la-main.
• La mort frapperait le On. L’interprétation publique du Dasein dit : « on meurt ». A chaque fois, ce n’est pas moi, car ce On n’est personne (Niemand).
• Le « mourir » est nivelé en un événement survenant qui n’appartient à personne.
• Le mourir, qui est essentiellement mien, est perverti en un événement publiquement survenant, qui fait encontre au On.
• La mort ne serait qu’un « cas » survenant constamment. Elle serait toujours « effective » (Wirkliches), ce qui voile son caractère de possibilité.
• Le On aggrave la tentation de se recouvrir l’être le plus propre pour la mort.

• Cette esquive de la mort gouverne si tenacement la quotidienneté que les proches suggèrent souvent au mourant qu’il échappera à la mort.
• Une telle sollicitude (Fürsorge) veut le ramener à l’existence (ins Dasein) en l’aidant à voiler sa possibilité la plus propre d’être.
• Le On se préoccupe d’un constant rassurement sur la mort, lequel s’adresse non seulement au mourant, mais aussi aux consolateurs.

Summary of page 252

• Car l’exister n’est pas seulement un pouvoir-être-au-monde jeté, mais il s’est toujours déjà identifié au monde de sa préoccupation.
• Dans cet être-auprès... échéant s’annonce la fuite hors de l’étrang(èr)eté (Unheimlichkeit), i.e. maintenant devant l’être pour la mort.
• Existence, facticité, échéance caractérisent l’être pour la fin et sont constitutives du concept de la mort.
• Le mourir se fonde dans le souci.

• Si l’être pour la mort appartient à l’être du Dasein, alors il doit, bien que inauthentiquement, être mis en lumière dans la quotidienneté.
• Le souci est le titre ontologique de la totalité du tout structurel du Dasein.
• C’est dans la concrétion la plus immédiate du Dasein (dans sa quotidienneté) que cette connexion entre être pour la mort et souci doit devenir visible.

§ 51. L’être pour la mort et la quotidienneté du Dasein.

• Dans l’être pour la mort, le Dasein se rapporte à lui-même comme à un pouvoir-être insigne.
• Le soi-même de la quotidienneté est le On, lequel se constitue dans l’être-interprété public qui s’exprime dans le bavardage.
• Celui-ci manifeste en quelle guise le Dasein quotidien s’explicite son être pour la mort.
• Le fondement de l’explicitation est toujours formé par un comprendre, lequel est toujours affecté ou intoné.

• La publicité de l’être-l’un-avec-l’autre quotidien connaît la mort comme un accident survenant constamment.

Summary of page 251

• La possibilité de la mort se fonde dans le fait que le Dasein est ouvert (erschlossen) à lui-même selon la guise du en-avant-de-soi.
• Ce moment du souci a dans l’être pour la mort sa concrétion la plus originaire.

• Le Dasein ne se procure pas cette possibilité occasionnellement au cours de son être.
• Si le Dasein existe, il est déjà jeté (geworfen) dans cette possibilité.
• La mort appartienne à l’être-au-monde.
• L’être-jeté dans la mort se dévoile à lui dans l’angoisse.
• L’angoisse de la mort est angoisse devant le pouvoir-être le plus propre, absolu et indépassable.
• Le devant-quoi (Wovor) de cette angoisse est l’être-au-monde. Son pour-quoi (Worum) est le pouvoir-être du Dasein.
• L’angoisse de la mort n’est pas une peur de décéder, mais l’ouverture révélant que le Dasein existe comme être jeté pour sa fin.
• Le mourir est l’être jeté pour le pouvoir-être le plus propre, absolu et indépassable.

• L’être pour la fin ne naît pas d’une disposition temporaire, mais il appartient à l’être-jeté du Dasein.
• Le savoir ou l’ignorance du Dasein au sujet de son être pour la fin est l’expression de la possibilité de se tenir selon diverses modalités dans cet être.
• Que beaucoup d’hommes n’aient le plus souvent pas de savoir de la mort montre que le Dasein se recouvre, en fuyant devant lui, l’être le plus propre pour la mort.
• Le Dasein meurt aussi longtemps qu’il existe, mais le plus souvent selon la guise de l’échéance.

Summary of page 250

• Si la mort appartient à l’être du Dasein, il faut qu’elle (ou l’être pour la fin) se laisse déterminer à partir de ces caractères.

• L’existence, la facticité et l’échéance du Dasein se dévoilent dans le phénomène de la mort.

• L’interprétation du ne-pas-encore au sens d’un excédent est inadéquate, car elle inclut une perversion du Dasein en étant sous-la-main.
• L’être-à-la-fin (Zu-Ende-sein) signifie: être pour la fin (Sein zum Ende).
• Le ne-pas-encore a le caractère de quelque chose vis-à-vis de quoi le Dasein se comporte.
• La fin précède (bevorsteht) le Dasein.
• La mort n’est pas quelque chose de pas encore sous-la-main, mais plutôt une précédence (Bevorstand).

• Le caractère de la précédence ne suffit pas à caractériser la mort de façon privilégiée.
• La mort n’est pas un événement imminent venant à ma rencontre à l’intérieur du monde (comme par exemple un orage).
• La mort, en sa précédence (bevorstehende), n’est pas un être sous-la-main, à-portée-de-la-main ou là-avec (mit-da).

• Peuvent être imminents (bevorstehen) au Dasein des possibilités d’être qui se fondent dans l’être-avec avec autrui.

• La mort est une possibilité d’être que le Dasein a à chaque fois à assumer.
• Avec la mort, le Dasein se précède en son pouvoir-être le plus propre.
• Dans cette possibilité, il y va pour le Dasein de son être-au-monde.
• Sa mort est la possibilité du pouvoir-ne-plus-être-là (Nicht-mehr-dasein-könnens).
• Par cette précédence, tous les rapports (Bezüge) à d’autres Dasein sont dissous.
• Cette possibilité la plus propre (eigenste) et absolue (unbezügliche) est la possibilité extrême (äuβerste).
• En tant que pouvoir-être, le Dasein ne peut jamais dépasser la possibilité de la mort.
• La mort est la possibilité de l’impossibilité du Dasein (Daseinsunmöglichkeit).
• La mort est la possibilité la plus propre (eigenste), absolue (unbezügliche) et indépassable (unüberholbare).

Résumé p.254

Indifférence / Angoisse
.On : régulation silencieuse de la manière dont on doit se comporter en général par rapport à la mort. Pensée de la mort : peur lâche, manque d’assurance, obscure fuite du monde. Un Dasein sûr de lui-même ne saurait connaitre cette faiblesse mais reste d’un calme indifférent face au fait que l’on meurt. lLa formation d’une telle indifférence aliène le Dasein de son pouvoir-être le plus propre, absolu.
.le On interdit au courage de l’angoisse de la mort de se faire jour.
.dans l’angoisse de la mort, le Dasein est transporté devant lui-même en tant que remis à la possibilité indépassable. Le On inverse cette angoisse en une peur d’un évènement qui arrive.

.l’être quotidien pour la mort, en tant qu’échéant, est une constante fuite devant elle. L’être pour la fin a le mode de l’esquive devant elle, compréhension inauthentique, voile.
.pour le Dasein, il y va, même dans la quotidienneté médiocre, constamment de ce pouvoir être le plus propre, absolu, indépassable, serait-ce même selon le mode de la préoccupation pour une indifférence quiète à l’égard de la possibilité extrême de son existence.

Wednesday, June 16, 2010

Résumé p.253

.on meurt
.la publicité du l’être-l’un-avec-l’autre quotidien « connait » la mort comme un évènement survenant à l’intérieur du monde.
.on finit toujours par mourir mais de prime-abord le On-même demeure hors d’atteinte.
.la mort est un qqchose d’indéterminé, qui n’est pas encore sous-la-main pour nous, donc pas menaçant.
. « on meurt » : ce On est le Personne.

.équivoque
.le mourir, qui est essentiellement et ir-représentablement mien, est perverti en un évènement publiquement survenant, qui fait encontre au On.
.le discours donne la mort comme toujours déjà effective.
.il en voile le caractère de possibilité, et avec lui, les moments essentiels de l’absoluité et de l’indépassabilité.
.avec cette équivoque, le Dasein se met en position de se perdre dans le On du point de vue d’un pouvoir-être insigne, propre au Soi-même le plus propre.

.rassurement sur la mort
.l’esquive recouvrante de la mort gouverne si tenacement la quotidienneté que, dans l’être-l’un-avec-l’autre, les « proches » suggèrent encore souvent justement au « mourant » qu’il échappera à la mort et, par suite, qu’il retournera vers la quotidienneté rassurée du monde de la préoccupation.
.sollicitude des proches qui veulent ramener le mourant au Dasein en l’aidant à voiler encore totalement sa possibilité la plus propre, absolue, d’être.
.la publicité se préserve du mourir des autres – désagrément social, manque de tact…



Tuesday, June 15, 2010

Summary of page 249

• La problématique existentiale ne vise qu’à dégager la structure ontologique de l’être pour la fin du Dasein.
• Il faut dissocier la problématique biologico-ontique et la problématique ontologico-existentiale.

§ 50. Pré-esquisse de la structure ontologico-existentiale de la mort.

• Le souci, défini comme être-déjà-en-avant-de-soi-dans le monde (Sich-vorweg-schon-sein-in der Welt) comme être-auprès (Sein-bei) de l’étant faisant encontre à l’intérieur du monde, a été manifesté à titre de constitution fondamentale du Dasein.
• Les caractères fondamentaux de l’être du Dasein sont : l’en-avant-de-soi (Sich-vorweg), l’existence, l’être-déjà-dans (Schon-sein-in)..., la facticité, l’être-auprès..., l’échéance (Verfallen).

Résumé p.252

.quotidienneté de l’être pour la mort
.si l’être pour la mort appartient originairement et essentiellement à l’être du Dasein, alors il doit nécessairement aussi – de prime abord inauthentiquement – pour être mis en lumière dans la quotidienneté.

§51 l’être pour la mort et la quotidienneté du Dasein
.dans l’être pour la mort, le Dasein se rapporte à lui-même comme à un pouvoir-être insigne.
.le soi-même de la quotidienneté est le On.
.comment le comprendre affecté qui se trouve dans le bavardage du On a-t-il ouvert l’être pour la mort ?

Monday, June 14, 2010

Résumé p.251

.sa possibilité la plus propre, absolue, indépassable (mort), le Dasein ne se la procure pas après coup, occasionnellement.
.si le Dasein existe il est déjà jeté dans cette possibilité.
.pas un savoir exprès, ni même théorique.


.angoisse de la mort
.l’être-jeté dans la mort se dévoile à lui plus originellement et instamment dans l’affection de l’angoisse.
.l’angoisse de la mort est angoisse « devant » le pouvoir-être le plus propre, absolu, indépassable.
.le devant-quoi de cette angoisse est l’être-au-monde lui-même.
.le pour-quoi [en-vue-de-quoi] de cette angoisse est le pouvoir-être du Dasein en tant que tel.
.ouverture révélant que le Dasein existe comme être jeté pour sa fin
≠peur de décéder

.échéance devant la mort
.le savoir ou l’ignorance factice au sujet de l’être pour la fin est l’expression de la possibilité existentielle de se tenir selon diverses modalités dans cet être.
.de prime abord et le plus souvent, le Dasein se recouvre l’être le plus propre pour la mort, en fuyant devant lui.
.dans cet être-auprès échéant s’annonce la fuite hors de l’étrang(èr)eté.

Wednesday, June 9, 2010

Résumé p.250

.comment l’existence, la facticité et l’échéance du Dasein se dévoilent dans le phénomène de la mort ?

.l’être-à-la-fin signifie existentialement : être pour la fin.
.le ne-pas-encore extrême a le caractère de quelque chose vis-à-vis de quoi le dasein se comporte.
.la fin pré-cède le Dasein. La mort est une précédence [bevorstand vs. ausstand (excédent)].

.précédence
≠imminence = évènement venant à ma rencontre à l’intérieur du monde : orage (sous-la-main), transformation de la maison (à-portée-de-la-main), arrivée d’un ami (là-avec), voyage, débat, renoncement à ce que le Dasein peut être lui-même (possibilités d’être propres qui se fondent dans l’être-avec avec autrui).

.mort
= possibilité d’être que le Dasein a lui-même à chaque fois à assumer : le Dasein se précède lui-même en son pouvoir-être le plus propre ; tous les rapports à d’autres Dasein sont pour lui dissous.
= possibilité la plus propre, absolue, extrême, indépassable.
= possibilité du pouvoir-ne-plus-être-là, possibilité de la pure et simple impossibilité du Dasein.

.précédence insigne fondé dans la guise d’être en-avant-de-soi du Dasein.
.moment structurel du souci qui a sa concrétion la plus originaire dans l’être pour la mort.

Résumé p.249

§50. Pré-esquisse de la structure ontologico-existentiale de la mort.
.être-tout comme être pour la fin.
.souci : être-déjà-en-avant-de-soi-dans (le monde) comme être-auprès de l’étant faisant encontre (à l’intérieur du monde).


.caractères fondamentaux du Dasein :
...en-avant-de-soi
...existence
...être-déjà-dans
...facticité
...être-auprès
...échéance


.la mort doit se laisser déterminer à partir de ces caractères.

Résumé p.248

.l’analyse de la mort reste purement immanente : comment la mort est engagée en Dasein, en tant que possibilité d’être.
.métaphysique de la mort ≠ analytique existentiale
.analytique existentiale méthodiquement pré-ordonnée aux questions d’une biologie, psychologie, théodicée, théologie.

.caractérisation ontologique du mode d’être où la « fin » s’engage dans la quotidienneté médiocre du Dasein.
.nécessaire évocation complète des structures de la quotidienneté

.la détermination conceptuelle existentiale s’accompagne d’une absence d’obligation existentielle.

Summary of page 248

• L’analyse de la mort reste immanente (diesseitig), parce qu’elle examine comment la mort, en tant que possibilité d’être de chaque Dasein, se tient engagé en celui-ci (in dieses hereinsteht).
• Il n’est légitime de se demander ce qui est après la mort qu’à partir du moment où celle-ci est conçue dans son essence ontologique pleine.
• L’interprétation ontologique immanente (diesseitige) de la mort précède toute spéculation ontico-transcendante (ontisch-jenseitigen) sur celle-ci.

• La « métaphysique de la mort » est extérieure au domaine d’une analyse existentiale de la mort.
• Comment et quand la mort « est-elle entrée dans le monde » ? Quel « sens » peut-elle posséder en tant que mal et que souffrance dans le tout de l’étant?
• Ces interrogations présupposent une compréhension du caractère d’être de la mort, une ontologie du tout de l’étant, et une clarification ontologique du mal et de la négativité.

• Envisagés ontiquement, les résultats de l’analyse existentiale manifestent la formalité et le vide spécifiques de toute caractéristique ontologique.
• S’il est vrai que le Dasein n’est jamais accessible comme sous-la-main, puisque l’être-possible (Möglichsein) appartient à son mode d’être, il ne faut pas s’attendre à déchiffrer la structure de la mort, si tant est que la mort constitue une possibilité insigne du Dasein.

• L’analyse ne peut s’en tenir à une idée de la mort arbitrairement forgée.
• Un tel arbitraire ne peut être réfréné que par la caractérisation préalable du mode d’être où la « fin » s’engage dans la quotidienneté du Dasein.

Summary of page 247

• A l’intérieur de l’ontologie du Dasein, préordonnée (vorgeordneten) à une ontologie de la vie, l’analytique existentiale de la mort est subordonnée (nachgeordnet) à une caractérisation de la constitution fondamentale du Dasein.
• Nous avons nommé le finir (Enden) de l’être vivant le périr (Verenden).
• S’il est vrai que le Dasein a sa mort biologique (codéterminée par son mode d’être), qu’il peut finir sans mourir (stirbt), qu’il ne périt jamais simplement, nous caractériserons ce phénomène intermédiaire par le terme de décéder (Ableben), le verbe mourir (Sterben) étant réservé à la guise d’être en laquelle le Dasein est pour sa mort (zu seinem Tod ist).
• Le Dasein ne périt jamais, mais il ne peut décéder qu’aussi longtemps qu’il meurt.

• L’interprétation existentiale de la mort est antérieure à toute biologie et ontologie de la vie, et à toute investigation biographico-historique et ethnologico-psychologique de la mort.
• Le Dasein ne meurt pas proprement dans un vécu de son décéder (Ablebens) factice.

• Que la mort soit déterminée comme fin du Dasein, cela n’implique aucune décision sur la question de savoir si, après la mort, un autre être est possible.

Tuesday, June 8, 2010

Summary of page 246

• Le ne-pas-encore que le Dasein est à chaque fois répugne à être interprété comme excédent (Ausstand).
• La fin pour laquelle le Dasein est en existant est déterminée de manière inadéquate par un être-à-la-fin (Zu-Ende-sein).

• Il convient d’accomplir l’interprétation analytico-existentiale de la mort et de son caractère de fin au fil conducteur du phénomène du souci.

§ 49. Délimitation de l’analyse existentiale de la mort par rapport à d’autres interprétations possibles du phénomène.

• La mort au sens le plus large est un phénomène de la vie, laquelle est un mode d’être auquel appartient un être-au-monde.
• Elle ne peut être fixée que dans une orientation privative sur le Dasein.
• Même le Dasein peut se laisser considérer comme une pure vie.
• Aux yeux de l’approche biologique, il sera intégré au domaine d’être (Seinsbezirk) connu comme monde animal et végétal.
• À l’intérieur de ce champ, les types de mort et ses causes peuvent être soumis à une investigation scientifique.

• Il reste à demander comment, à partir de l’essence ontologique de la vie, se détermine celle de la mort.

Summary of page 245

• Le finir comme cessation peut signifier : passer dans le non-être-sous-la-main (la pluie cesse), ou bien ne commencer à être sous-la-main qu’en finissant (le finir du chemin, loin de le faire disparaître, détermine le chemin).
• Ce dernier mode du finir peut soit déterminer un sous-la-main inachevé (un chemin en construction s’interrompt), soit constituer l’achèvement (Fertigkeit) d’un sous-la-main (i.e. le dernier coup de pinceau achève le tableau).
• Si le finir comme s’achever (Fertigwerden) n’inclut pas l’accomplissement (Vollendung), ce qui veut être accompli doit atteindre son achèvement.
• L’accomplissement est un mode dérivé de l’achèvement, lequel est possible comme détermination d’un sous-la-main ou d’un à-portée-de-la-main.

• Même le finir au sens du disparaître (Verschwindens) peut se modifier conformément au mode d’être de l’étant. La pluie est finie, i.e. elle a disparu. Le pain est fini, i.e. il a été consommé.

• La mort comme fin du Dasein ne saurait se laisser caractériser par aucun de ces modes du finir, car le Dasein serait posé du même coup comme sous-la-main ou à-portée-de-la-main.
• Dans la mort, le Dasein n’est ni accompli, ni disparu, ni devenu achevé ou totalement disponible en tant qu’à-portée-de-la-main.

• De même que le Dasein est constamment son ne-pas-encore, de même il est déjà sa fin.
• Le finir désigné par la mort ne signifie pas un être-à-la-fin (Zu-Ende-sein) du Dasein, mais un être pour la fin (Sein zum Ende).
• La mort est une guise d’être que le Dasein assume dès qu’il est.

Summary of page 244

• Le ne-pas-encore est impliqué dans son être en tant que constituant.
• Le Dasein, aussi longtemps qu’il est, est à chaque fois son ne-pas-encore.

• Ce qui constitue pour le Dasein sa non-totalité (Unganzheit), l’en-avant-de-soi (Sichvorweg), n’est ni l’excédent d’une somme, ni un ne-pas-encore-être-devenu-accessible (Noch-nicht-zugänglich-geworden-sein), mais un ne-pas-encore qu’un Dasein a à chaque fois à être.
• La comparaison avec l’immaturité du fruit, en dépit d’une certaine convergence, manifeste des différences essentielles.

• Même si le mûrir du fruit s’accorde avec le Dasein en ce que l’un comme l’autre est à chaque fois son ne-pas-encore, cela ne veut pas dire que la maturité et la mort coïncideraient jusque dans leur structure ontologique de fin.
• Avec la maturité, le fruit s’accomplit.
• Même si avec sa mort le Dasein a « accompli sa course » un Dasein « inaccompli » finit aussi. Le Dasein a si peu besoin de n’arriver à maturité qu’avec sa mort qu’il peut avoir déjà dépassé cette maturité avant la fin.
• Le plus souvent, il finit dans l’inaccomplissement.

• Finir ne signifie pas nécessairement s’accomplir.

• Finir signifie cesser.

Summary of page 243

• Ce faire-défaut comme excédent ne détermine pas le ne-pas-encore du Dasein en tant que mort possible, car le Dasein n’est pas un à-portée-de-la-main.
• Le Dasein n’est pas finalement ensemble à partir du moment où son ne-pas-encore s’est rempli, car alors il n’est plus.
• Le Dasein existe de telle manière que son ne-pas-encore lui appartient.

• Même si la lune ne peut jamais être totalement saisie, son ne-pas-encore ne signifie pas un ne-pas-encore-être-ensemble des parties qui lui appartiennent, mais il concerne la saisie (Erfassen) percevante.
• Le ne-pas-encore du Dasein ne demeure pas inaccessible à l’expérience: il n’est pas encore effectif.
• Le problème ne concerne pas la saisie (Erfassung) du ne-pas-encore du Dasein, mais son être.
• Le Dasein doit en tant que lui-même devenir, i.e. être ce qu’il n’est pas encore.

• Le fruit vert se porte lui-même à la maturité, et un tel se-porter caractérise son être en tant que fruit.
• Ce qu’il n’est pas encore ne lui est ajouté en tant que pas-encore-sous-la-main.
• Le ne-pas-encore de l’immaturité, loin de désigner un autre extérieur qui pourrait, indifféremment au fruit, être sous-la-main avec lui, désigne le fruit dans son mode d’être spécifique.
• La somme non encore complète est indifférente à l’égard du reste non-à-portée-de-la-main qui lui fait défaut.
• Le fruit mûrissant est l’immaturité.

Summary of page 242

• La récusation de tels concepts doit être prolongée en une assignation positive à leur région spécifique.

• Loin de conquérir les concepts de fin et de totalité par voie de déduction, il faut emprunter le sens existential du venir-à-la-fin du Dasein à celui-ci, et montrer comment un tel finir peut constituer un être-tout de l’étant qui existe.

• On a affirmé trois thèses concernant la mort :
1. Au Dasein appartient, aussi longtemps qu’il est, un ne-pas-encore qu’il sera, un excédent.
2. Le venir-à-sa-fin (Zu-seinem-Ende-kommen) de ce-qui-n’est-pas-encore-à-la-fin (Noch-nicht-zu-Ende-seienden) a le caractère du ne-plus-être-là (Nichtmehrdaseins).
3. Le venir-à-la-fin renferme un mode d’être irreprésentable (unvertretbaren) pour chaque Dasein.

• Dans le Dasein, une constante non-totalité (Unganzheit), qui trouve sa fin avec la mort, est irréductible.
• Est-ce que ce ne-pas-encore peut être interprété comme excédent (Ausstand) ?
• Cet expression désigne ce qui « appartient » à un étant, mais fait encore défaut.
• L’excéder comme faire-défaut se fonde dans une appartenance.
• Ce qui est excédent n’est pas encore disponible.
• Être en excédent veut dire : le ne-pas-encore-être-ensemble (Nochnichtbeisammensein) de ce qui se coappartient (Zusammengehörigen), i.e. le non-être-à-portée-de-la-main d’éléments manquants de même mode d’être que les éléments déjà à-portée-de-la-main.
• Le non-ensemble subsistant est éliminé par un assemblage cumulatif.
• L’étant où quelque chose est en excédent a le mode d’être de l’à-portée-de-la-main.
• Cet ensemble, nous le caractérisions comme somme (Summe).

Summary of page 241

• Le finir qui est à la mesure du Dasein doit être délimité par rapport à la fin d’une vie.
• Le concept médical d’« exitus » ne coïncide pas avec le concept du périr.

• Diverses substructions (Substruktionen) qui imposent à notre insu de types d’étants munis d’un autre mode d’être (être-sous-la-main ou vie) menacent d’égarer l’interprétation du phénomène de la mort.

§ 48. Excédent (Ausstand ; that which is still outstanding), fin et totalité.

• La caractérisation ontologique de la fin et de la totalité ne peut être ici que provisoire.
• Son achèvement requiert :
1) le dégagement de la structure formelle de la fin et de la totalité en général,
2) un développement de ses possibles modifications structurelles régionales dé-formalisées (entformalisierten), tâche qui présuppose une interprétation des modes d’être selon une division régionale du tout de l’étant, ce qui exige une idée de l’être en général.
• L’analyse ontologique de la fin et de la totalité doit donc présupposer comme connu ce qui est cherché, i.e. le sens de l’être en général.

• Nous devons décider dans quelle mesure les concepts de fin et de totalité qui s’imposent de prime abord sont ontologiquement inadéquats au Dasein.

Summary of page 240

• Cette possibilité de représentation échoue lorsqu’il s’agit de représenter la venue-à-la-fin du Dasein : nul ne peut prendre son mourir à autrui.
• L’« aller à la mort pour un autre » ne signifie pas que sa mort serait ôtée à l’autre.
• Tout Dasein doit prendre sur soi son mourir : la mort est toujours mienne.
• La mort est constituée par la mienneté et l’existence.
• Le mourir n’est pas une donnée (Begebenheit), mais un phénomène existential (existenzial).

• Si le finir (Enden) en tant que mourir constitue la totalité du Dasein, alors il faut que l’être de la totalité soit conçu comme un phénomène existential.
• Dans le finir et l’être-tout concomitant, il n’y a pas de représentation.

• La mort est un phénomène existential.

• La sortie-du-monde (Aus-der-Welt-gehen) du Dasein au sens du mourir doit être distinguée d’une sortie-du-monde du seulement vivant (Nur-lebenden).
• Ce finir propre à un vivant, nous le désignons par le terme périr (Verenden).

Monday, June 7, 2010

Résumé p.247

.comment, à partir de l’essence ontologique de la vie, se détermine celle de la mort ?
.décéder : le périr du Dasein ?
.le Dasein ne périt jamais (périr = finir de l’être vivant). Il ne peut décéder qu’aussi longtemps qu’il meurt (mourir = guise d’être en laquelle le Dasein est pour sa mort).
.l’interprétation existentiale de la mort est antérieure à toute biologie et ontologie de la vie. Fondatrice pour toute investigation biographico-historique et ethnologico-psychologique de la mort.
.psychologie du mourir présuppose le concept de mort ; révèle la vie des mourants.
.le Dasein ne meurt pas dans un vécu de son décéder factice.
.les conceptions de la mort éclairent la compréhension du Dasein : l’interprétation du Dasein a besoin d’une analytique existentiale et d’un concept correspondant de la mort.

Résumé p.246

§49 Délimitation de l’analyse existentiale de la mort par rapport à d’autres interprétations possibles du phénomène.
.la mort [n']est [pas] un phénomène de la vie.
.la vie doit être comprise comme un mode d’être auquel appartient un être-au-monde.
.la vie ne peut être fixée ontologiquement que dans une orientation privative sur le Dasein.
.Dasein peut être considéré comme pure vie.
.approche biologico-physiologique : Dasein intégré au monde animal et végétal.
.types de mort peuvent être soumises à une investigation scientifique.

Sunday, June 6, 2010

Heidegger et l’idéalisme spéculatif

Qu’est-ce que Heidegger oppose à une des thèses fondamentales de l’idéalisme spéculatif postkantien, à savoir la thèse selon laquelle l’être-en-soi devient pour-soi au moyen d'une aliénation et d’un retour effectué à partir d’un tel être-hors-de-soi?

La transition entre le premier et le deuxième Heidegger – médiatisée par son engagement national-socialiste – est un passage entre une ontologie conçue comme fondation et orientation des pratiques ontiques vers une ontologie conçue comme fondation d’une réaction pastorale et d’un retour théologique du divin. L’engagement politique d’Heidegger témoigne – malgré tout – d’une reconnaissance de l’importance d’une transcendance – i.e. d’un changement – proprement ontique. La pensée de l’être est conçue chez le premier Heidegger comme une fondation ontologique d’une historicité ontique (de la même façon que l’ontologie fondamentale constitue le fondement nécessaire des ontiques régionales). Avec le deuxième Heidegger, le gouffre entre l’être et l’étant s’amplifie jusqu’à la dislocation: la pensée de l’être, au lieu d’être requise pour orienter et guider (fuhren) la praxis ontique (théorique, politique, artistique, etc.), demande une immobilité ontico-bucolique. L’événement appropriateur (Ereignis) met en correspondance réciproque le Dasein et l’être. Cette sorte de « transcendance ontologique », cet ekstase vers l’être, est compatible avec un sédentarisme ontique. L’angoisse d’être lancée au gouffre de l’historicité est substituée par la sérénité (Gelassenheit). Seulement un enracinement ontique capable de réduire l’illusion transcendantale – celle du premier Heidegger – selon laquelle la transcendance constitutive du Dasein serait un mouvement ontique, peut ouvrir la possibilité d’une transcendance proprement ontologique. Ce n’est plus le scientifique ou le politicien qui requièrent d’une orientation ontologique, mais le pasteur et le prêtre. L’errement ontico-politique d’Heidegger induit ainsi une retraite dans une pensée de l’être coupée de tout engagement ontique : seulement un dieu pourrait nous sauver. C’est pour cela que sa déception vis-à-vis de l’histoire « ontique » va de paire avec les tentatives de « fonder le commencement d’une autre histoire, cette histoire qui s’ouvre sur le combat où se décidera la fuite ou l’avènement du dieu. » (cité par P. Lacoue-Labarthe, Heidegger. La politique du poème, p. 121). L’histoire ontologico-politique doit laisser sa place à une histoire poématico-théologique. Une transcendance purement ontologique va de paire avec une réappropriation ontique.
Au contraire, chez Hegel la différence ontologique est médiatisée par le paraître. Une expérience « ontologique » n’exige pas de viser le pur il y a de l’étant en deçà de ces propriétés ontiques, mais plutôt de tenir l’étant dans sa manifestation dialectique, i.e. dans son historicité propre. Exister est être-hors-de-soi.

Aliénation (Entfremdung) vs. déracinement (Heimatlosigkeit). L’aliénation, comme le soutient Freud, est constitutive du sujet. La réappropriation de la synthèse dialectique n’est pas une relève de l’aliénation, mais plutôt la production d’une consistance subjective, c’est-à-dire une façon de tenir ensemble un multiple inconsistant (i.e. une synthèse disjonctive).

Différences entre la relève spéculative du kantisme et la relève heideggérienne :

Idéalisme allemand : la finitude est la condition de possibilité d’une potentialisation infinie. Coalescence entre le fini et l’infini.

Heidegger : la finitude est la condition de possibilité de la scission théologique entre le fini et l’infini. Heidegger reste en dernière instance fidèle à la coupure noumène-phénomène. Pour cela, il fallait des-epistémologiser une telle coupure. Chez Heidegger, la coupure noumène-phénomène devient une coupure ontologique (être-étant, pensable-monstrable/poetisable, mortels-divins).
Si l’idéalisme allemand est une pensée de la continuité et de la médiation (voire une pensée de l’immanence), le criticisme heideggérien est une pensée de la scission non-médiatisable (voire de la transcendance).

Hegel: l'absolu est auprès de nous.

Heidegger: le Dasein est dans la vérité (S&Z, 256).

Thursday, June 3, 2010

Résumé p.245

.Finir
= cesser
= passer dans le non-être-sous-la-main ou ne commencer à n’être sous-la-main qu’en finissant

.Finir
= achèvement d’un sous-la-main
≠ accomplissement
.l’accomplissement est un mode dérivé de l’achèvement > détermination d’un sous-la-main ou d’un à-portée-de-la-main.

.Finir = disparaitre
.diffère en fonction du mode d’être de l’étant qui finit.

.Mort ≠ ces modes du finir (cesser, achever, accomplir, disparaitre)

.Le Dasein est constamment son ne-pas-encore
.Il est déjà sa fin.
.Finir du Dasein
= mort

≠être-à-la-fin
=être pour la fin
.la mort est une guise d’être que le Dasein assume dès qu’il est.
.ne-pas-encore antérieur à la fin.

Résumé p.244

.Non-totalité du Dasein
= en-avant-de-soi constant
≠ excédent d’un ensemble sommatif
≠ ne-pas-encore-être-devenu-accessible (lune)
≠ immaturité du fruit : maturité comme fin ≠ mort comme fin

.maturité : le fruit s’accomplit
.mort ≠ accomplissement du Dasein : le plus souvent, le Dasein finit dans l’inaccomplissement, à moins qu’il ne soit défait et usé.
.finir ≠ s’accomplir

.en quel sens la mort doit être comprise comme finir du Dasein ?

Wednesday, June 2, 2010

Résumé p.243

.Le non-ensemble qui appartient au mode d’être de l’ensemble
= faire défaut comme excédent
≠ le ne-pas-encore qui appartient au Dasein comme mort possible.

« Le Dasein n’est pas seulement à partir du moment où son ne-pas-encore s’est rempli, et cela d’autant moins qu’alors il n’est justement plus »

Le ne-pas-encore du Dasein lui appartient.

Excédent lunaire :
.le ne-pas-encore diminue avec la disparition de l’ombre qui le recouvre ?
.lune toujours déjà sous-la-main comme totalité, jamais totalement saisie.
.ne-pas-encore de la saisie percevante ≠ ne-pas-encore-être-ensemble des parties qui appartiennent à la lune.

Ne-pas-encore appartenant au Dasein :
.pas seulement inaccessible provisoirement et temporairement à l’expérience propre et étrangère
.n’est absolument pas encore effectif.

Ne-pas-encore de l’immaturité:
.le fruit vert se presse vers sa maturité.
.maturation ≠ ajout d’un sous-la-main.
.c’est le fruit lui-même qui se porte à la maturité : caractérise son être en tant que fruit.
.ne-pas-encore de l’immaturité ≠ un autre extérieur qui pourrait indifféremment au fruit, être sous-la-main en lui ou avec lui.
.
en murissant, le fruit est l’immaturité.
.ne-pas-encore = constituant de l’être propre du fruit.

« De manière correspondante [au fruit vert qui est son immaturité] le Dasein, aussi longtemps qu’il est, est lui aussi à chaque fois déjà son ne-pas-encore. »

>Husserl, E. Recherches logiques, t.II, R. III « sur la doctrine du tout et des parties »

Résumé p.242

.Emprunter le sens existential du venir-à-la-fin du Dasein à celui-ci même.
.Montrer comment un tel « finir » peut constituer un être-tout de l’étant qui existe.

.3 thèses concernant la mort :
1. Excédent constant : au Dasein appartient un ne-pas-encore qu’il sera.
2. Ne-plus-être-là : le venir-à-sa-fin de ce-qui-n’est-pas-encore-à-la-fin.
3. Ir-représentation : le venir-à-la-fin est non-suppléable.


.Le ne-pas-encore appartenant au Dasein est-il un excédent ?

.Excédent
=ce qui appartient à un étant mais fait encore défaut.
=faire-défaut qui se fonde dans une appartenance.
=pas encore disponible.
=ne-pas-encore-être-ensemble de ce qui se coappartient.
=non-être-à-portée-de-la-main d’éléments manquants de même mode d’être que les éléments déjà à portée-de-la-main.

.Levée ontologique de l’excédent
=liquidation de la dette.
=rentrée par laquelle le ne-pas-encore est comblé.
=assemblage cumulatif.

« L’étant où quelque chose est encore en excédent a le mode d’être de l’à-portée-de-la-main ».

Somme = ensemble (étant excédé + son excédent), ou le non-ensemble fondé sur lui.

Summary of page 239

• La mort se dévoile comme une perte que les survivants éprouvent et dans laquelle ne devient pas accessible la perte d’être « subie » par le mort.
• Au lieu d’expérimenter le mourir des autres, nous y assistons (dabei).

• La question concerne le sens ontologique du mourir de celui qui meurt en tant que possibilité d’être de son être, et non pas le mode d’être-là-avec et d’être-là-encore (Nochdaseins) du défunt avec les survivants.

• Ce renvoi au mourir d’autrui comme thème de substitution pour l’analyse ontologique de l’achèvement (Daseinsabgeschlossenheit) du Dasein et de sa totalité repose sur l’opinion (laquelle méconnait le mode d’être du Dasein) selon laquelle ce qui reste inexpérimentable dans le Dasein propre deviendrait accessible dans le Dasein étranger.
• Cette présupposition est-elle vraiment si infondée ?

• Au nombre des possibilités de l’être-ensemble dans le monde se trouve la représentabilité (Vertretbarkeit) d’un Dasein par un autre, de laquelle est fait un usage constant dans la quotidienneté de la préoccupation.
• Toute intervention dans... (Hingehen zu), tout apport de... (Beibringen von) est représentable dans la sphère du monde ambiant (Umwelt) offert à la préoccupation.
• Toutefois, une telle représentation est toujours représentation auprès de quelque chose, i.e. dans la préoccupation pour quelque chose.
• Le Dasein se comprend de prime abord à partir de ce dont il a coutume de se préoccuper : on est ce dont on s’occupe.
• Par rapport à l’identification quotidienne au monde de la préoccupation, la représentabilité appartient à titre de constituant à l’être-l’un-avec-l’autre.